"L'art roman, est le père des styles français. Plein de réserve et d'énergie, il a produit toute notre architecture. C'est encore et toujours à son principe que l'avenir devra penser. Ce style, oeuf qui contenait le germe de la vie, fut parfait dès sa phase primitive". Rodin
"On appelle époque romane le temps où la vie chrétienne s'ordonne en civilisation, et où l'union de l'architecture avec la sculpture et la peinture prend l'éclat des passages privilégiés de l'homme". Malraux
Pourquoi "roman"?
Comme les langues romanes (français, italien, ...) sont sorties du latin, l'art roman s'est installé de celui de Rome, mais en inaugurant des formes nouvelles.
Pour la première fois, en 1818, apparaît l'expression "art roman" en liaison avec les langues romanes. Elle est due à Charles de Gerville, érudit normand, qui écrit : "Dîtes moi donc, je vous en prie, que mon nom de romane est heureusement trouvé". Ce terme va être généralisé par la Société des Antiquaires de Normandie dont les membres étudient les monuments romans de cette province (Jumièges, Caen) pour distinguer ces édifices de ceux de l'époque gothique.
Les églises ont été les premiers monuments romans et restent les plus intéressants par leur ornementation, mais on construit aussi, à cette époque, des châteaux forts, des édifices civils et des maisons particulières.
L'an Mil : un siècle de ferveur religieuse
- La légende des "terreurs" de l'an Mil est bien encore présente. Mais passée la date de l'année mille, les populations qui attendaient la fin du monde, se ressaisissent. C'est alors un élan de joie et d'action de grâces rendues à Dieu, le développement de la ferveur populaire se propage. L'Europe se couvre alors d'un "blanc manteau d'églises". Le XIème siècle marque une renaissance éclatante. On compte les églises romanes par milliers, des plus prestigieuses aux plus modestes édifices ruraux.
- L'importance des pélerinages est très importante. En effet, dès la fin de l'Antiquité, les pélerinages chrétiens se développent pour aller vénérer les reliques des saints dont la possession est importante pour les églises.
Il existe trois grands centres : Rome, Jérusalem et Saint Jacques de Compostelle appelée "la Mecque de l'Occident".
On va en pélerinage : par piété personnelle, par nécessité car on a besoin d'être délivré de quelque malheur (santé, folie, ...) ou pour expier une faute (pénitence qu'on s'est imposée ou qui a été imposée).
Le long des routes des grands pélerinages se développent d'autres lieux de pélerinages secondaires et qui accueillent les pélerins de passage : on construit donc de nouvelles églises sur les tombeaux des saints locaux.
Les principaux chemins de pélerinages sont :
- Tours, Poitiers, Saintes, Bordeaux
- Saint Gilles, Saint Guilhem, Toulouse
- Vézelay, Limoges, Périgueux
- Le Puy, Conques, Moissac
- L'importance des ordres monastiques : Cluny et Cîteaux
L'an Mil est au coeur d'un demi-siècle de boulversements sociaux
- paix intérieure (fin des invasions normandes)
- augmentation de la population qu'il faut nourrir (nouvelles techniques agricoles, la charrue remplace l'araire, emploi de la fumure animale, sabots ferrés pour les chevaux, ...)
- assolement triennal, défrichements, affranchissemts des serfs, nouveaux villages, nécessité de nouvelles églises dans la campagne.
Enfin les guerres et les incendies obligent à reconstruire les monuments détruits, cela entraîne un importante activité des artisans.